LE SYSTÈME INTÉRIEUR
Les nations n’existent plus, elles ont été remplacées par de nouvelles entités politico-économiques qui, même si la Chute n’avait pas eu lieu, auraient été vouées à emprunter les sentiers de la domination : les hypercorps.
Si le système intérieur compte une multitude de colonies et habitats indépendants, il est surtout dominé par les hypercorps.
Afin d’atténuer les conflits qui les opposent et de promouvoir la survie de la transhumanité, plusieurs hypercorps ont forgé une alliance que l’on connaît sous le nom de Consortium Planétaire : cette alliance gouverne la plus grande partie de Mars et est responsable du projet, actuellement en cours, de terraformation de la planète. Elle contrôle également plusieurs dizaines d’autres habitats et de nombreuses bases lunaires, principalement celles qui sont investies de près ou de loin dans le colossal effort de terraformation de Mars.
Mars abritant plus de 40% de la population transhumaine rescapée, la majorité des humains vit désormais sous la loi des hypercorps et/ou du Consortium Planétaire.
À la suite de la Chute, les hypercorps se sont fixées trois objectifs majeurs : reconstruire le système solaire, se protéger de toute attaque (qu’elle vienne des Titans ou d’ailleurs) et accroître leur puissance tant politique que financière. Par extension, leur deuxième objectif intègre aussi la protection de tous les habitats et colonies contre une nouvelle Chute.
Hypercorps et Consortium Planétaire se montrent particulièrement habiles dans la réalisation de leurs objectifs.
Et comme les rébellions populaires et la protestation générale n’aident pas à atteindre ces buts, elles ont aussi démontré un certain talent pour maintenir la sécurité parmi la population des habitats et des colonies sous leur contrôle, pour conserver aux habitants un bien-être relatif et, dans le meilleur des cas, pour les garder incapables de causer des problèmes sérieux. Constituant les entités les plus importantes et les mieux organisées du système solaire, les hypercorps, et le Consortium Planétaire en particulier, occupent une position de choix pour assurer la protection des populations occupant leurs habitats et colonies.
Mais cette protection se fait au prix de la liberté.
Vivant dans des habitats basés sur les économies transitoires, les populations des colonies contrôlées par les hypercorps sont suffisamment fortunées pour ne pas avoir à s’inquiéter de mourir de faim ou de se retrouver dans le besoin.
Et puisque les hypercorps sont vivement opposées au bio conservatisme, quiconque ayant les moyens de s’offrir morphes ou augmentations quels qu’ils soient est libre de le faire tant qu’il ne s’agit pas de s’équiper d’armements susceptibles d’être utilisés contre l’habitat ou ses habitants.
Cependant, en échange de la sécurité et de la relative prospérité que permet la présence des hypercorps, les habitants se doivent de renoncer à exprimer plus que des critiques purement symboliques contre les hypercorps du Consortium Planétaire.
Les pouvoirs des Hypercorps et du Consortium Planétaire
Hypercorps et Consortium sont les seules entités politiques majeures du système solaire à n’être pas de dimension locale (à l’exception peut-être de l’Alliance Autonomiste, qui évoque cependant davantage un pacte d’entraide qu’une entité politique unifiée). Toutes les autres entités politiques sont basées sur une unique localité.
Mais les hypercorps, elles, dépassent le cadre local avec des branches et bureaux dans tout le système solaire, répondant aux besoins des populations de Pluton à Mercure en passant par toutes les positions intermédiaires.
Alors que la plupart des hypercorps possèdent d’immenses installations de production et de transformation sur Mercure ou Vénus, exploitant les abondantes ressources d’énergie de la première et la chimie complexe de la seconde, la majeure partie du travail qu’elles effectuent engage le développement de nouvelles technologies et de nouveaux modèles de cornes d’abondance, des développements et recherches pouvant être réalisés de n’importe où avec un accès à la toile.
En plus de leurs bases sur Mercure, Vénus et dans les autres endroits de richesse égale en ressources, les hypercorps entretiennent des stations de fabrication et des stations dédiées à la recherche à travers tout le système solaire.
Parmi les infrastructures les plus connues, on compte les immenses chantiers spatiaux de Starware, dont les plus imposants se trouvent sur la Lune et sur l’astéroïde Vesta, et l’énorme usine d’antimatière d’Omnicor, en orbite autour de Mercure.
Mais il existe aussi beaucoup d’autres structures moins connues comme les mines automatisées appartenant au mystérieux groupe Zbrny, situées dans la Ceinture d’astéroïdes principale et au milieu des anneaux de Saturne, et l’usine de qubits Nimbus, dans l’orbite de Mars.
Les installations de recherches secrètes et protégées sont encore plus nombreuses, et certaines sont si bien cachées qu’elles ne sont en principe accessibles que par l’intermédiaire de diffuseurs d’ego hautement sécurisés.
On y effectue toutes sortes de recherches mystérieuses, et souvent extrêmement dangereuses : expériences sur les reliques des Titans, tentatives de développement de nanotechnologies autoreproductrices, création de trous noirs artificiels miniatures, etc.
Clips, films et jeux vidéo regorgent d’histoires de catastrophes étranges se déroulant dans ce genre de stations, et de voleurs héroïques y dérobant des merveilles extraordinaires.
La réalité de ces centres de recherches corporatistes secrets est pourtant plus banale. Mais il arrive pourtant que l’on y réalise des merveilles – et que l’on reporte, à l’occasion, des catastrophes, lesquelles impliquent souvent les reliques des Titans.
Parfois, le siège de ces hypercorps est aussi un lieu secret, gardé et protégé, comme c’est le cas pour le quartier-général du légendaire Groupe Zbrny.
Des rumeurs et des contes variés circulent sur ces endroits où espions, voleurs et reporters plus téméraires les uns que les autres tentent régulièrement d’entrer, sans grand succès.
Ces tentatives, en particulier celles des voleurs et espions incompétents, se paient au prix fort, ce qui inclue la mort temporaire (voire définitive) des infortunés intrus.
Les hypercorps possèdent et dirigent également un certain nombre d’habitats dont beaucoup servent avant tout de foyers à leurs employés.
Mais dans nombre d’entre eux, au moins la moitié de la population est composée de simples résidents du système solaire qui ne font qu’y vivre.
Bien que beaucoup moins contrôlées et réglementées que les structures de recherches ou de fabrication des hypercorps, ces colonies sont aussi sujettes à une réglementation et à une sécurité plus importante qu’au sein des habitats contrôlés par les autonomistes aux limites du système solaire.
Ces stations sont des lieux exceptionnellement sûrs et sécurisés.
Les habitants ont accès aux toutes dernières productions des hypercorps propriétaires et de leurs corporations alliés.
Les habitats hypercorps ont tous leurs propres compagnies de sécurité, ou quelque contrat de défense avec une compagnie de sécurité privée, telle qu’Action Directe ou Medusan Shield, qui accepte de protéger les habitants contre les menaces éventuelles des agents des Titans, des saboteurs fanatiques et autres.
Ces forces de sécurité protègent également les hypercorps contre toute menace aux intérêts de ces dernières.
Dans la plupart de ces habitats, les résidents jouissent d’une grande liberté d’expression ainsi que du droit de disposer biologiquement d’eux-mêmes.
Cependant, toute menace potentielle aux hypercorps ou à leur personnel, de la simple désobéissance civile à la tentative de sabotage, est traitée avec sévérité, les crimes les plus graves conduisant à l’asservissement forcé et, parfois, à l’édition mentale forcée.
Presque tous ces habitats pratiquent les systèmes d’économie transitoire et l’ensemble des résidents bénéficie d’un niveau de vie élevé pour compenser les restrictions imposées à leurs comportements.
Dans les colonies plus indépendantes de la Ceinture et du système extérieur, beaucoup d’habitants se plaignent de la nature répressive des habitats ultra-contrôlés des hypercorps, mais les résidents de ces lieux préfèrent leurs vies protégées et leur sécurité à l’intimidante liberté qu’offre le système extérieur.
Afin de diminuer les dissidences et oppositions, les habitats contrôlés par le Consortium Planétaire, et par les hypercorps, ont institué des votes sur un grand nombre de problèmes.
Évidemment, ces consultations de l’opinion publique ne sont prises en compte que pour les sujets n’étant pas classés comme « question de survie pour l’habitat », « politique ou gestion corporatiste » ou « question de sécurité », ce qui exclut tous les sujets relatifs (ou reliables) à la sécurité, et aux questions de profits ou de productivité pour les hypercorps impliquées.
Les votes sur de telles questions sont effectués à titre purement consultatif, ce qui veut dire qu’ils sont tout simplement ignorés s’ils entrent en conflit avec les programmes des hypercorps.
Si ces habitants peuvent voter pour de nouvelles vacances célébrant quelque figure importante ou s’exprimer sur l’endroit où établir un nouveau parc et sur son agencement, les lois réglementant la servitude, la sécurité de l’habitat, le maintien de l’ordre et les autres sujets importants demeurent sous contrôle des hypercorps.
Ceci ne signifie pas pour autant que les résultats des scrutins sont complètement ignorés.
Si plus des deux-tiers de la population exprime la même opinion sur une question particulière, le Consortium ou l’hypercorp dirigeante s’arrange généralement pour modifier sa politique de manière à répondre à cette demande sans mettre ses propres intérêts en danger.
Par opposition, s’il ne se trouve qu’un petit pourcentage d’habitants mécontents face à une décision politique, leurs revendications sont bien sûr ignorées, mais surtout, les forces de sécurité sont chargées de garder un oeil sur ces groupes pour prévenir toute éventuelle désobéissance civile ou autre forme de résistance.
En plus de ces installations particulières et des habitats ultrasécurisés des hypercorps, ces dernières possèdent de nombreux bureaux sur les stations et les colonies planétaires.
Presque tous les habitats ont un bureau Nimbus équipé d’un émetteur longue-distance et, dans le cas des habitats les plus importants, un communicateur IQ et ses installations pour permettre des communications instantanées.Ces équipements sont accessibles à quiconque peut payer les cotisations Nimbus. Écologène, Skinesthésie et plusieurs autres hypercorps ont aussi leurs bureaux sur de nombreux habitats.
Tout habitat désireux d’interagir avec le reste de la transhumanité possède au moins un noeud Expéria automatisé.
Dans les habitats les plus petits, ces bureaux sont plus discrets et dirigés par des IA limitées ou des infomorphes asservis.
Pourtant, l’existence de ces bureaux est absolument nécessaire au bonheur et à la poursuite de l’existence de la transhumanité.
La plupart des hypercorps entretiennent également un certain nombre d’employés dans tous les grands habitats et dans la majorité des plus petits.
En raison du nombre encore important d’infomorphes réfugiés, la majorité des noeuds Expéria sont dirigés par des infomorphes asservis.
Ils contrôlent et surveillent les IA locales dans leurs recherches d’informations et gardent trace de tous les développements intéressants ou importants et de toutes les nouvelles. Ils servent aussi de reporters sur site au cas où se produirait un évènement important. Si l’affichage et la mise à jour des nouvelles d’un petit habitat est une tâche ennuyeuse, l’infomorphe a habituellement droit à un contrat lui garantissant le morphe de son choix et un ré-enveloppement dans l’habitat de son choix au terme de sa durée d’engagement, c’est-à-dire au bout de trois à cinq ans la plupart du temps.
De même, tous les habitats, à l’exception des plus petits, possèdent des bureaux appartenant à Action Directe ou Medusan Shield, où les individus peuvent louer des consultants en sécurité ou des gardes du corps, de la simple IA au mercenaire surentraîné avec furimorphe complètemen équipé.
Les mercenaires d’Action Directe et de Medusan Shield vivent au sein de la station et embauchent souvent des contractuels à court-terme pour les aider sur les boulots particulièrement imposants ou difficiles.
Les mercenaires compétents peuvent finir par se faire engager à temps plein par Action Directe ou Medusan Shield, mais comme les agents sous contrat se voient souvent confier les tâches les plus dangereuses et ingrates, beaucoup perdent vite tout intérêt pour le travail au service des hypercorps.
Les autres employés travaillant hors des offices locaux des hypercorps vont du concepteur d’écosystème au scientifique ou technicien à louer, en passant par le conseiller financier personnel gérant les fortunes des riches et puissants.
Dans les habitats importants et les colonies planétaires, les employés hypercorps et contractuels privés engagés à court-terme représentent presque 20% de la population. Les contrats à court-terme interviennent habituellement lorsque la charge de travail au niveau local excède les capacités du personnel permanent.
Tous ces employés hypercorps occupent une position unique, leur loyauté étant partagée entre leur habitat et leur hypercorp.Et en dépit de ce que prêche la propagande hypercorp, ces deux types de loyauté ne se recoupent pas toujours.
Du fait des délais inévitables dans les communications usuelles, les autorités locales des bureaux hypercorps sont souvent très autonomes.
Faire appel à leurs supérieurs situés dans un autre habitat ou dans une autre installation pour recevoir des instructions implique forcément un décalage temporel important ou nécessite de passer par des communications IQ dont les qubits sont très chers.
En conséquence, hormis pour les problèmes les plus importants ou difficiles, les directeurs locaux gèrent eux-mêmes toutes les questions locales, signalant toute situation inhabituelle ou potentiellement problématique après coup.
POLITIQUE ET POUVOIR